TMS en entreprise : quel est le rôle des facteurs psychosociaux ?

22 décembre 2023

Les troubles musculosquelettiques

Les troubles musculosquelettiques (TMS) constituent la première cause de maladie professionnelle indemnisée en France.

Un mal pour les salariés et leur entreprise, souvent favorisé par des risques psychosociaux générés par l’organisation et les relations de travail, ou par l’activité elle-même. Nathalie Rabeuf, consultante et formatrice en prévention des risques professionnels, détaille les situations de travail propices à l’apparition de troubles musculosquelettiques et revient sur les bonnes pratiques à mettre en place pour les éviter.

Que sont les TMS ?

Les TMS regroupent des affections touchant les articulations, les muscles et les tendons, qui atteignent généralement le dos, les poignets, les épaules, les coudes ou les genoux. Ces troubles, à l’origine d’une gêne et de douleurs, apparaissent fréquemment dans un contexte professionnel, et peuvent devenir chroniques pour perdurer durant d’autres activités ou même au repos. Des pathologies qui n’épargnent aucun secteur d’activité, y compris le travail de bureau, entraînant syndromes du canal carpien (poignet) ou de la coiffe des rotateurs (épaule), épicondylites (coude), et lombalgies (dos).

« L’apparition de TMS est due en partie à des gestes répétitifs, à des postures contraignantes, ou encore à un travail immobile prolongé. Mais les risques psychosociaux présents dans l’entreprise jouent également un rôle important », explique Nathalie Rabeuf. En effet, le stress, tout autant que les violences internes (conflits, harcèlement, etc.) ou externes (incivilités, etc.), peuvent peser sur la santé des salariés.

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    cas de troubles musculosquelettiques reconnus par le régime général de la Sécurité sociale en 2019

La place des risques psychosociaux dans l’apparition des TMS

Si les caractéristiques individuelles des salariés doivent aussi être étudiées (âge, sexe, état de santé) pour expliquer l’apparition de TMS, ces derniers sont en général directement causés par des facteurs biomécaniques (répétition, port de charges lourdes, travail statique, etc.), environnementaux (froid, bruit, éclairage déficient, etc.), et/ou par des contraintes psychosociales. « Qu’il s’agisse du secteur industriel ou d’une activité de bureau, risques psychosociaux et TMS sont toujours étroitement liés. Le stress et les violences subis dans le cadre du travail ont des répercussions évidentes sur la santé mentale des salariés – dépression, burnout, suicide -, mais aussi sur leur santé physique, et peuvent notamment favoriser l’émergence de troubles musculosquelettiques. C’est pourquoi il est important d’examiner avec soin l’organisation, l’environnement, ainsi que les conditions de travail de son entreprise, si l’on souhaite éviter ces maux », indique la formatrice.

Prendre conscience des facteurs de risques psychosociaux

Pour lutter contre les TMS, qui sont source de mal-être pour les collaborateurs, il convient d’identifier les facteurs de risques psychosociaux présents au sein de son entité. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), il existe six facteurs susceptibles d’engendrer de tels risques :

  • intensité et temps de travail
  • exigences émotionnelles
  • faible autonomie au travail
  • rapports sociaux dégradés
  • conflits de valeur
  • insécurité de la situation de travail

« Qu’il s’agisse du secteur industriel ou d’une activité de bureau, risques psychosociaux et TMS sont toujours étroitement liés. […] »

Pour Nathalie Rabeuf, « la surcharge de travail, le manque de reconnaissance, ou la présence de conflits, par exemple, sont bien souvent seuls responsables de la survenance de TMS. L’existence de ces facteurs de risques, qui représentent un coût financier considérable pour une entreprise, nuisent également à son image lorsque rien n’est fait en matière de prévention ». Les organisations ont en effet tout intérêt à tenter d’éradiquer les risques psychosociaux si elles souhaitent réduire l’absentéisme, le turnover, et conserver la motivation de leurs équipes. D’autant que les troubles musculosquelettiques peuvent, au fil du temps, se transformer en maladies professionnelles ou en accidents du travail. « Des accidents du travail qui occasionnent à leur tour un coût approximatif de 1 000 euros par jour et par personne pour toute entité concernée ».

Mettre en place des mesures de prévention

La législation française impose à tout employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Une obligation de résultat qui sous-entend la mise en place d’actions de prévention des risques professionnels, d’actions d’information et de formation, et d’une organisation et de moyens adaptés à sa structure. « Avant toute chose, l’employeur doit procéder à un recensement et à une évaluation des risques de TMS, afin de pouvoir mettre en œuvre une démarche de prévention. Il est conseillé de ne pas attendre les premières plaintes ou un ralentissement de la production pour mener à bien ces actions, qui doivent concerner à la fois les TMS et les risques psychosociaux. De nombreuses entreprises ont encore trop souvent le réflexe de ne traiter que les TMS », expose la formatrice. En effet, l’évaluation et la prévention des risques psychosociaux font également partie des obligations de l’employeur.

« Le succès de la démarche de prévention tient en grande partie à l’implication de l’ensemble des acteurs de l’organisation […]»

Les actions menées en la matière doivent par ailleurs être consignées au sein du document unique d’évaluation des risques (DUER), obligatoire pour les entreprises. Ce document est un gage de traçabilité et de suivi des risques professionnels, service par service, qui reflète notamment l’ensemble des facteurs favorisant les TMS : biomécaniques, environnementaux, organisationnels, et psychosociaux. Pour Nathalie Rabeuf, « le succès de la démarche de prévention tient en grande partie à l’implication de l’ensemble des acteurs de
l’organisation – dirigeants, managers, collaborateurs – et à son actualisation régulière ». Ne pas hésiter aussi à faire participer des intervenants externes, comme des ergonomes, pour veiller à l’adaptation des postes de travail, ou à intégrer la médecine du travail au processus.

La prévention des TMS nécessite une approche globale, incluant la prise en compte des risques psychosociaux, soutenue au plus haut niveau de l’organisation et incorporée à sa stratégie. Cette démarche implique donc un examen concret de l’environnement de travail, ainsi que des conditions de travail dans toutes leurs dimensions : poste de travail, ergonomie, relations humaines (et tout particulièrement les relations avec la hiérarchie), horaires réellement pratiqués, surcharge de travail, missions, etc. À ce titre, il est également indispensable de se pencher sur le télétravail, fréquemment responsable de troubles musculosquelettiques en raison d’une mauvaise ergonomie et de l’isolement ou du stress qu’il peut induire.

 

 

Découvrez notre vidéo de prévention sur les TMS :