Sédentarité : comment accompagner les collaborateurs pour en limiter les risques ?

12 septembre 2022

Sédentarité

 

Les risques liés à la sédentarité en 4 chiffres clés

 

49% de mortalité toutes causes confondues

90% de mortalité cardiovasculaires

112% de risque de développer un diabète de type 2

147% de pathologies cardiovasculaires

Contre la sédentarité, vous pouvez agir !

Comment accompagner les collaborateurs pour limiter les risques dans un contexte de travail hybride ?

 

Depuis la crise sanitaire, le travail hybride se développe dans de nombreuses entreprises.

En alternance avec les journées en présentiel, le télétravail est ainsi fréquemment pratiqué. Plébiscité par les salariés, il contribue cependant à la hausse des comportements sédentaires qui augmenteraient de 90 % le risque de mortalité cardiovasculaire, selon un article de l’INRS (1).

Loup Mallet, ergonome chez Thalie Santé, détaille les risques relatifs à la sédentarité et partage quelques bonnes pratiques à mettre en place pour préserver la santé des collaborateurs.

 

Qu’est-ce que la sédentarité ?

La sédentarité est « une situation d’éveil caractérisée par une faible dépense énergétique en position assise ou allongée », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le travail dans un bureau relève ainsi d’un comportement sédentaire. Il se distingue de l’inactivité physique, qui se caractérise quant à elle par une durée et un niveau d’activité physique inférieur au seuil recommandé, rappelle le ministère de la Santé (2). Il est ainsi possible d’exercer une activité professionnelle sédentaire et d’être actif à certains moments.

Selon l’OMS, la sédentarité serait la quatrième cause principale de décès prématuré dans le monde (3). En entreprise, il est donc essentiel de prendre en compte son impact sur la santé des collaborateurs.

 

Des conséquences variées

Les risques relatifs à la sédentarité sont unanimement soulignés.
« Lorsque nous travaillons sur écran, des douleurs musculosquelettiques apparaissent fréquemment sur le long terme et peuvent affecter tout le corps, explique Loup Mallet. Un clavier mal positionné, une souris trop éloignée ou une chaise mal réglée en hauteur créent des douleurs aux épaules. Un écran trop bas génère des tensions cervicales, une mauvaise posture entraîne un mal de dos, l’usage soutenu de la souris affecte le poignet… ». Des troubles de la vision sont également observés régulièrement. « Chez certaines personnes, la fatigue visuelle provoque des migraines en fin de journée. C’est souvent lié à la luminosité de l’écran et de l’espace de travail», ajoute l’ergonome.

La sédentarité au travail peut aussi favoriser le développement de l’obésité, de certains cancers, ou encore du diabète de type 2, souligne l’INRS.

 

Télétravail : des risques en hausse ?

Le développement du travail hybride contribue à l’augmentation des risques pour les collaborateurs. « Les troubles musculosquelettiques sont très courants dans les métiers de bureaux en général mais le télétravail a accentué le problème car les salariés passent leur journée dans un environnement inadapté. Ils s’installent souvent sur des chaises non réglables, sur une toute petite table, travaillent sur un ordinateur portable… ».

De fait, le collaborateur crée un bureau dans un espace qui n’est pas prévu à cet effet et se doit de composer avec les contraintes de son logement (mobilier, superficie, etc.).

En revanche, l’un des bénéfices du télétravail en matière de santé concerne la fatigue visuelle : « les personnes parviennent plus facilement à régler l’éclairage selon leur besoin à leur domicile que dans un open space ».

 

Bouger pour se préserver

Pour limiter les risques liés à un poste sédentaire, le point essentiel est de veiller à bouger au maximum. « Nous ne sommes pas faits pour rester assis sur une chaise 8 heures par jour. Dans cette position prolongée, des tensions se créent, et nous perdons en masse musculaire ».

Il est donc important de veiller à prendre 5 minutes de pause, chaque heure, afin de marcher et de s’étirer. « Pour aider leurs collaborateurs, certains organismes mettent en place des rappels automatiques sur les ordinateurs avec des propositions d’étirement, ce sont des outils qui peuvent être intéressants », ajoute l’expert.

 

Un poste de travail adapté

Un environnement spécifiquement pensé pour le télétravail est également important pour préserver la santé des collaborateurs. Loup Mallet précise les différents points à surveiller pour maintenir une bonne posture.

> Un plan de travail suffisamment spacieux

Une table doit avoir une profondeur minimale de 60 à 70 cm pour permettre une installation optimale. Les avant-bras sont posés sur le plan de travail pour éviter toute tension dans les épaules.

> Une chaise réglable en hauteur

Elle est essentielle pour maintenir une bonne posture sur la durée. Il convient de ne pas régler le siège trop haut (pour ne pas avoir à se pencher) ni trop bas (pour ne pas exercer de tension dans les épaules). En l’absence de fauteuil réglable à son domicile, placer des coussins sur son siège afin d’ajuster la hauteur en fonction du plan de travail peut être une solution efficace.

> S’approcher du plan de travail

Le ventre doit être quasiment collé à la table de travail car une posture en retrait incite à se pencher en avant. Cette position permet de poser les avant-bras et de relâcher les épaules.

> Placer un repose-pieds

Les pieds doivent être en appui sur le sol et les genoux placés à 90 degrés afin de stimuler la circulation sanguine. Au besoin, il est donc possible d’installer un repose-pieds – une simple boîte peut être utilisée.

> Bien placer son écran

De nombreux collaborateurs travaillent chez eux sur un ordinateur portable. Il est important de l’éloigner à 50 cm du bord de la table en utilisant un clavier déporté en complément, et de le positionner de manière à avoir le haut de l’écran à hauteur des yeux.

Un support d’ordinateur est conseillé. Les collaborateurs portant des verres progressifs abaisseront légèrement l’écran et l’inclineront pour éviter de relever la tête. Enfin, pour éviter les reflets, une distance d’1,50 m au minimum par rapport à la fenêtre est préconisée ainsi qu’un positionnement perpendiculaire.

> Choisir la bonne souris

Il est conseillé d’adopter une souris de taille standard avec faible bombage : la main doit pouvoir se positionner à plat pour éviter les tensions.

> Veiller à l’éclairage

Pour limiter la fatigue visuelle liée à l’ordinateur, il est important de maintenir un éclairage homogène dans toute la pièce de travail en évitant de placer une lampe dans son champ de vision directe. Ne pas mettre la luminosité maximale sur son écran est aussi un moyen de se protéger.

 

« Les organismes peuvent aider leurs collaborateurs à aménager leur poste de travail en fournissant des équipements (siège, support d’ordinateur) ou en accordant une enveloppe financière permettant d’acheter le matériel », conclut Loup Mallet.

Inévitablement, le développement du travail hybride semble participer à une augmentation des risques liés à la sédentarité. Pour préserver la santé de chacun, les entreprises doivent ainsi sensibiliser les collaborateurs à la nécessité de bouger, et les accompagner dans un aménagement adapté de leur poste de travail.

(1) Kévin Debrosses, « Le comportement sédentaire au travail : de quoi parle-t-on ? », INRS, département Homme au travail, septembre 2018.

(2) « Activité physique et santé », ministère de la Santé et de la Prévention, 01/06/2022.

(3) « Sédentarité », Maladies non transmissibles, Organisation mondiale de la Santé.