Prévention du risque routier

8 mars 2023

Prévention risque routier

 

Employeurs, quel rôle et comment agir ?

Le risque routier est la première cause de mortalité des travailleurs et entraîne chaque année plus de 4 millions de journées non travaillées pour cause d’arrêt de travail (1). Une problématique de santé publique entraînant également un lourd déficit économique pour les entreprises avec des coûts directs moyens par accident estimés à 4 500 euros (2).

Xavier Schoenlaub, fondateur et président de XRoad Formation, forme les salariés des entreprises à la prévention des risques routiers. Il revient sur les bonnes pratiques à adopter pour réduire le risque routier en entreprise.

 

Risque routier : L’employeur est-il responsable ?

Quelle que soit la taille de leur entreprise, les salariés sont amenés à effectuer des déplacements réguliers dans le cadre de leur fonction ou lors de leur trajet domicile-travail. Liés par le contrat de travail, le risque routier pris par ces salariés devient alors un risque professionnel comme un autre.

Xavier Schoenlaub rencontre régulièrement des dirigeants et constate que très peu d’entre eux sont conscients de leur responsabilité face au risque routier :

« 57 % (3) des employeurs ne savent pas que leur responsabilité est engagée en cas d’accident d’un salarié sur un trajet domicile-travail et 1/3 ne savent pas que leur responsabilité peut être engagée dans un accident de la route de manière générale. ».

La responsabilité de l’employeur sera engagée, notamment, si le document unique d’évaluation des risques (DUER) n’a pas été correctement rempli.
Le DUER doit lister l’ensemble des risques présents dans l’entreprise pour les différentes catégories de salariés et présenter l’ensemble des mesures visant à prévenir les risques pour les salariés. Depuis 2001, « le DUER doit s’appliquer à l’ensemble des salariés au risque d’entraîner une responsabilité civile ou pénale, dont une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an. », précise le chef d’entreprise.
L’employeur a donc l’obligation de mettre en oeuvre des mesures de prévention des risques pour prévenir le risque routier qui s’applique à l’ensemble des salariés, soit également pour les trajets domicile-travail.

 

L’obligation de moyen de l’employeur

L’employeur représente l’entreprise qui a l’obligation de protéger ses salariés de toutes atteintes corporelles. Or, 15 % des accidents de la route ont lieu dans le cadre du travail. « Mettre en place des mesures de prévention du risque routier, c’est assurer un management de qualité » indique Xavier Schoenlaub.

En effet, la multiplication des risques et des dangers rencontrés par les salariés peut être créatrice de conflit si l’employeur ne mène aucune action pour les éviter. « L’employeur a uniquement une obligation de moyen », rappelle le formateur. Il a donc l’obligation de mettre en place une sensibilisation, une prévention et de veiller au matériel confié aux salariés.

Socialement et médiatiquement, pour éviter les accidents, l’employeur a tout intérêt à mettre en place des mesures de prévention comme l’instauration d’un plan de prévention des risques routiers. Ce dernier permet d’appliquer les principes du DUER et de mettre en oeuvre des mesures concrètes.

Cette politique de sécurité routière agit tel un cercle vertueux en limitant le turn-over, les absences longues durées, la baisse de la production et le nombre d’accidents du travail qui nuit à l’image de marque.

 

L’importance d’évaluer l’exposition du risque routier en entreprise

Avant de mettre en place des mesures efficaces de prévention du risque routier, il est fondamental d’évaluer la situation actuelle de l’exposition aux risques des salariés. Pour cela, l’employeur doit recenser l’activité routière de l’ensemble de l’entreprise : le nombre de déplacements effectués, la situation du parc automobile et sa gestion.

La sinistralité de l’entreprise devra elle aussi être passée au crible, afin de relever l’ensemble des accidents, arrêts de travail et coûts entraînés par ceux-ci pour dresser une analyse détaillée des besoins et des mesures nécessaires afin de réduire le risque routier.

« L’accident de la route est multifactoriel : l’humain, son environnement et son équipement. », explique Xavier Schoenlaub qui met en avant l’importance du rôle de l’employeur dans la prévention des risques.
Pour ce faire, tous les acteurs de la direction, le personnel et le CHSCT doivent être impliqués dans la démarche. L’analyse devra s’appuyer sur une écoute active des besoins des salariés, une veille efficace des bonnes pratiques ou encore sur des professionnels de la sécurité routière.

Agir concrètement pour former et informer les salariés

« Dans environ 95 % des accidents de la route, le facteur majeur est l’humain. », rappelle celui qui a formé, avec ses équipes, des milliers de salariés sur la prévention des risques routiers en entreprise.

En organisant ces journées de prévention afin de sensibiliser les salariés, l’employeur répond à son obligation de moyen. Des formations collaboratives, ludiques et interactives ont vu le jour afin de rendre la prévention plus participative et immersive, mais toujours au service du message, grâce à une solution logicielle unique, associée à une pédagogie innovante. Un salarié ainsi formé va s’interroger sur l’influence de son mode de vie sur sa conduite.

Ces formations permettent de mieux se connaître en tant que conducteur, d’expérimenter et de mesurer l’impact de certains risques dans la conduite et ainsi de réduire le risque tout en partageant un référentiel commun. Les journées de prévention organisées au sein de l’entreprise peuvent être couplées à des journées de qualité de vie au travail, de bien-être ou encore axées sur la posture à adopter à son poste.

« Les DRH, les directeurs santé/sécurité, les dirigeants de petites et moyennes entreprises ou encore les responsables de la qualité de vie au travail prennent les devants pour organiser ces rencontres », indique Xavier Schoenlaub.
En parallèle de ces formations en présentiel, des campagnes de communication partagées par les organismes de formation ou par le site de la prévention routière du gouvernement peuvent être communiquées à l’ensemble des collaborateurs par mail ou en affichage dans les lieux de vie.

 

Organiser un suivi des performances sur le long terme

Réduire le risque routier nécessite un travail sur le long terme afin de sensibiliser régulièrement les salariés car : « ils ne réalisent pas toujours que le risque vient souvent de leur propre comportement et de leur expérience acquise sur la route », ajoute l’entrepreneur.
L’employeur doit mettre en place un suivi des performances pour analyser sur le long terme les résultats de la sinistralité, les accidents et les arrêts de travail, afin de déceler le retour de certaines problématiques, les améliorations ou l’apparition de nouveaux comportements.

Des points de vigilances doivent être établis pour relever les situations à risques, comme celle-ci constatée par Xavier Schoenlaub : « Un salarié équipé d’un véhicule de fonction ou de service qui remonte régulièrement des amendes ou des dégâts sur son véhicule, c’est une situation qui nécessite de lever des alertes en interne afin d’éviter une aggravation. ».

Au quotidien, les mesures prises par l’employeur visent à limiter les déplacements, adapter les méthodes de travail aux situations individuelles et collectives, notamment l’usage du smartphone en conduite, assurer l’utilisation des moyens de transport les plus sûrs et garantir la sécurité des salariés lors des déplacements.

Depuis 2016, une charte de l’engagement des entreprises a été mise en place pour mettre en valeur ces sociétés qui agissent pour protéger leurs salariés du risque routier. Ils sont actuellement plus de 2 500 employeurs engagés dans la sécurité de plus de 4 millions de collaborateurs sur la route.

Et vous, qu’avez-vous décidé de mettre en place pour réduire le risque routier dans votre entreprise ?

Somnolence au volant, comment l’éviter ?

 

Manger un repas léger

Ne pas effectuer son trajet le ventre vide

Prendre la route en étant reposé

Sans ressentir de signes de fatigue

Être installé confortablement

Dans une position adaptée à la conduite

 

(1) L’essentiel du risque routier professionnel, Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion

(2 )Entreprises, une démarche risque routier ? Club Entreprises Sécurité Routière du Rhône

(3) Étude MMA et institut IFOP 2022