La semaine en 4 jours est-elle adaptée aux collectivités ?

16 avril 2024

Une solution adaptée aux collectivités locales ?

 

Après avoir été testée chez nos voisins britanniques, la semaine en quatre jours commence à faire son chemin en France. Ce mode d’organisation émerge comme une option de plus en plus étudiée pour les collectivités locales, offrant à la fois des opportunités et des défis qui méritent d’entrer en considération. Pour matérialiser ces enjeux et permettre d’obtenir un aperçu tangible de l’efficacité de cette méthode, certaines collectivités font le choix de la mettre à l’essai dans leurs services : c’est notamment le cas de la métropole de Lyon, qui teste la semaine en 4 jours depuis septembre dernier.


A Lyon, la Métropole souhaite poursuivre l’expérience

 

Avec ses 9 600 agents, la Métropole Lyonnaise est la plus grande collectivité territoriale française à tester cette formule. Près de 300 volontaires y participent. La quasi-totalité des services de la ville, à l’exception de certains métiers essentiels comme la collecte des déchets et la gestion de l’eau, peut donc profiter des retours globalement favorables de cette expérimentation.

En termes d’organisation du travail, les services de la Métropole ont adopté diverses approches pour répondre aux besoins de leurs employés. Certains ont choisi une formule alternée, travaillant une semaine sur cinq jours et une semaine sur quatre jours, tandis que d’autres ont opté pour une semaine de travail de quatre jours systématiques, avec des journées plus longues. Ces choix ont permis aux employés de mieux équilibrer leur vie personnelle et professionnelle, selon leurs préférences et leurs obligations (qu’elles soient familiales, médicales, de loisir, etc.) tout en maintenant une continuité du service. D’après les premiers résultats, 95% des services fonctionnent sans interruption avec la semaine de 4 jours.

Au vu des résultats positifs et de la satisfaction globale des agents, principaux intéressés, la Métropole devrait élargir son dispositif à 5 500 agents, soit 57% des effectifs, dès le 1er septembre prochain. Cette décision s’appuie également sur l’attractivité accrue que la semaine de 4 jours semble conférer à la collectivité en tant qu’employeur. En effet, selon une enquête Indeed, 69% des travailleurs français seraient prêts à accepter une baisse de salaire pour travailler 4 jours par semaine.

 

Des enjeux et défis qui persistent

 

L’un des principaux enjeux pour les collectivités locales est celui de la gestion des services publics. Comme observé à la Métropole de Lyon, certaines fonctions essentielles, telles que la collecte des déchets ou la distribution de l’eau, nécessitent une présence continue et peuvent ne pas se prêter facilement à une semaine de travail plus courte. Trouver des solutions adaptées pour assurer la continuité des services tout en offrant des horaires de travail plus flexibles représente donc un défi majeur.

Un autre enjeu crucial concerne la planification budgétaire et opérationnelle. La transition vers une semaine en quatre jours peut entraîner des coûts supplémentaires liés à la réorganisation des horaires de travail, à la formation du personnel et à divers ajustements logistiques. La Métropole de Lyon a chiffré le coût initial de la mise en place de la semaine en 4 jours à 1 million d’euros. Les collectivités les plus petites peuvent également rencontrer des difficultés opérationnelles liées au nombre faible d’agents disponibles, qui rend compliqué la condensation de leurs tâches déjà très chronophages.

En outre, la semaine en quatre jours présente des implications potentielles en termes de performance et de productivité. Alors que certaines études mettent en avant une meilleure concentration et une plus grande motivation des employés (en 2023, l’Université d’Islande faisait état d’une augmentation de la productivité de 13,5% en moyenne), d’autres soulignent les risques d’une charge de travail accrue sur les jours travaillés. Cela peut mener à une baisse de la satisfaction des employés et à un épuisement professionnel accru : en 2023, le cabinet de conseil Robert Walters rapportait que 12% des employés étaient plus stressés et 10% plus épuisés après le passage à une semaine en quatre jours. L’impact sur la productivité globale reste donc mitigé et dépend de plusieurs facteurs, tels que la nature du travail, le personnel disponible et la capacité des employés à s’adapter à un nouveau rythme.

La semaine de travail en quatre jours offre donc des opportunités intéressantes pour les collectivités locales en matière de bien-être des employés, de flexibilité du travail et d’efficacité opérationnelle. Cependant, elle soulève également des défis importants en termes de gestion des services publics, de planification budgétaire, de gestion des ressources humaines et de performance organisationnelle. Alors qu’elle peut être une solution adéquate pour certaines collectivités, d’autres peuvent ne pas disposer des ressources nécessaires pour la mettre en place, et se risquer à des difficultés et complications rendant l’opération contre-productive. Il est nécessaire, avant de s’y essayer, de bien étudier le sujet sur un angle financier, logistique et organisationnel.